Sixtine (quenine, terrine, etc.)

Par Emmanuel Jeuland et Camille Porodou

DEFINITION :

La sixtine est une des contraintes les plus paradigmatiques de l’Oulipo qu’il a réactualisé et qui datait du Moyen-Âge. Elle consiste à faire une strophe se terminant par 6 mots et de faire ensuite 5 autres strophes avec ces mêmes 6 mots mais à une place différente (la terrine se fait avec 3 mots et la quenine avec 5). Elle peut permettre de dégager de nouveaux concepts oudropiens ou de mettre en perspective fictionnelle des concepts juridiques.

APPLICATION :

À partir de l’art. 79 CC et 6 mots par strophe.

L’acte de décès énoncera :

1° Le jour, l’heure et le lieu de décès ;

2° Les prénoms, nom, date et lieu de naissance, profession et domicile de la personne décédée ;

3° Les prénoms, noms, professions et domiciles de ses père et mère ;

4° Les prénoms et nom de l’autre époux, si la personne décédée était mariée, veuve ou divorcée ;

4° bis Les prénoms et nom de l’autre partenaire, si la personne décédée était liée par un pacte civil de solidarité ;

5° Les prénoms, nom, âge, profession et domicile du déclarant et, s’il y a lieu, son degré de parenté avec la personne décédée.

Le tout, autant qu’on pourra le savoir.

Il sera fait mention du décès en marge de l’acte de naissance de la personne décédée.

DEVIENT :

Il faut préciser date et heure

Le degré de parenté du jureur

Profession domiciles de ses père et mère

Nom prénom de l’autre partenaire

Lieu, place, jour de son concevoir

Autant qu’on pourra le savoir

Il faut tout faire pour savoir

Tout tenter pour essayer de concevoir

Quel avait été son/sa partenaire

Prénom et nom de sa mère

Les raisons et intentions du jureur

S’il était de bonne heure

Il n’y a pas d’heure

Pour démasquer le faux jureur

Pour connaître et arrêter son partenaire

Pour faire enfermer sa propre mère

Pour ne pas chercher à savoir

Qu’un crime reste à concevoir

Il faudra un jour le concevoir

Pour parvenir à ne pas savoir

A quel endroit, à quelle heure ?

Il a fait appel au jureur

Pour admettre que sa belle mère

N’a pas tuer son partenaire

Pacte de solidarité avec son partenaire

En faisant office de grand-mère

Qui lui a transmis son savoir

Rien qu’il ne puisse concevoir

Qui ne fait pas son mal heur

En présence de son vieux jureur

A la révolution le prêtre jureur

A passé un sale quart d’heure

Le bourreau ne voulant rien savoir

A cherché un châtiment à concevoir

Ne pouvant compter sur un partenaire

Pas plus que sur sa mère.

COMMENTAIRE :

La sixtine n’aide pas réellement à « concevoir » ici du droit mais adouci peut-être la dureté de l’acte de décès prévu à l’article 79 du CC qui en précisant « autant qu’on pourra le savoir » ouvre la porte à l’imagination et à la potentialité. On ne peut savoir le moment du décès qu’avec approximation. La sixtine utilisant un même mot en plusieurs sens emploie souvent au moins une fois un mot dans un sens métaphorique comme c’est le cas ici pour le verbe concevoir (conception de l’enfant, un crime ou un châtiment à concevoir).

archive La sixtine est une des contraintes les plus paradigmatiques de l’Oulipo qui date du Moyen-Age. Elle consiste à faire une strophe se terminant par 6 mots et de faire ensuite 5 autres strophes avec ces même 6 mots mais à une place différente (la terrine se fait avec 3 mots et la quenine avec 5). Elle peut permettre de dégager de nouveaux concepts oudropiens ou de mettre en perspective fictionnelle des concepts juridiques.

 Exemple : https://www.oudropo.com/portfolio-item/exemple-de-sixtine/