Contrainte du haïku
Proposée par Pierre-Yves Verkindt, il s’agit de pratiquer la contrainte du haïku sur une règle de droit. A partir de l’article 1240 du Code civil « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». Il s’agit plus précisément de faire un Haïku libre, contrainte 5 syllabes, 7, 5 plus une référence à la nature ou à la saison.
Alicia Maazouz :
Tout fait quelconque
Causé par l’être d’été
Sera réparé
Commentaires : Le Talmud sur la responsabilité ne prévoit pas de règle abstraite mais des situations typiques (la blessure d’un animal, etc.), c’est ce que fait toute casuistique en étendant par analogie un cas à de nouveaux cas.
Isabelle Ta :
Le fait de tout homme
Tempêtant son semblable
Impose un abri
Commentaires : c’est une approche de la responsabilité par la prévention.
Liza Veyre :
Si tu es fautif
Le dommage que tu causes
Tu répareras
Commentaires : Version moderne (sans la nature) ou parler en mode maître Yoda (tous les verbes à la fin comme contrainte sur le modèle de la langue allemande).
Romain Rousselot :
Un vent froid dense
Sont emportés les feuilles
Jardinier œuvre !
Commentaires : c’est une approche fataliste ; « tout fait » est très général. On pourrait aussi faire le travail inverse partir du haïku pour retrouver la règle.
David Lixin Li :
Répare à temps
Tout tord fautivement
Que tu causes
Commentaires : Référence à la saison, le temps, cela intègre la majoration des intérêts légaux et le problème du temps dans la réparation. C’est aussi une forme de commandement biblique qui crée une intimité entre législateur et le destinataire de la norme.
Frédéric Martin inverse la contrainte en faisait 7, 5, 7 :
1ère proposition :
quoique fasse l’un à l’autre homme
toujours est tenu
chaque jour à réparer
Commentaires : peut-on prononcer le e muet d’homme pour faire 7 pieds ? La règle est la diérèse : on peut prononcer la terreu, car en latin terra c’est donc justifié (idem lion li-on car leone en latin) ; la synérèse est l’inverse. On utilise donc une règle de grammaire exprimée en grec impliquant une solution latine pour résoudre un problème d’haïku juridique et japonais. Nous nous disons que cela fait peut-être beaucoup en termes de contraintes et de difficultés. Lier vient de ligare donc on peut dire li-er.
2° proposition.
quelque faute faite à autrui
chaque jour impose
de réparer celle-ci
Commentaires : insiste sur une réparation par jour et donc peut-être sous astreinte
Dorothée Gaire-Simmonneau
Jeter une boule
Par son froid peut vous glacer
Le feu compense
Commentaires : « tout fait » n’importe quoi, l’homme et la faute sont éjectés. Il s’agit d’une boule de neige dans l’esprit de son auteur mais on peut aussi y lire une boule de glace plus appétissante.
Pierre-Yves Verkindt :
Qui en hiver blesse
Un ami cher de l’enfance
Au printemps répare
Qui en hiver blesse
Un orange sycomore
Paie le prix un jour
Commentaires : Procès environnementale, un avocat a plaidé au nom des séquoias (F Ost voir son livre sur la nature). Pierre-Yves n’a pas choisi le séquoia car il tenait à l’expression d’orange sycomore. Nous n’en saurons pas davantage et ne présente apparemment aucunement conséquence juridique.
Guillaume Simiand :
Un bruit de tondeuse
Dans l’herbe trois chrysanthèmes
Le bon juge replante
Commentaires : pour les Japonais le chrysanthème est plutôt associé à la joie par ailleurs le juge est bon c’est le juge comme jardinier. Le mauvais juge serait celui qui arrache les mauvaises herbes sans rien faire repousser, sa sanction serait stérile.
Emmanuel Jeuland :
Cyclone causé
par un homme à autrui
doit le réparer
Commentaires : Cela paraît paradoxal qu’un cyclone soit causé par un homme mais c’est maintenant possible puisque le changement climatique est attribué à l’homme.
Voir compte rendu séance n°2,