Traduction

Par Romain Rousselot

DEFINITION :

La contrainte entend créer du droit à l’aide d’un site de traduction automatique. Un texte juridique français est traduit dans plusieurs langues avant d’être retraduit en français pour vérifier les éventuelles déviations. Le résultat dépend très largement de l’algorithme de traduction puisque, selon les sites, on parvient à des résultats différents.

APPLICATION :

L’article 545 CC « Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n’est pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité »

DEVIENT avec le site Reverso :

« Quant à n’importe qui de lui ne peut pas être forcé dans l’abandon d’elle ; il est pour un but public et une blondeur et n’est pas l’amour d’une pièce détachée ».

DEVIENT avec le site Google Translation :

« Personne n’est obligé de transférer ses biens, sauf pour une bonne cause et une raison valable et une compensation préalable. »

Ainsi, il apparaît que le site Google Translation était plus performant que Reverso lors de l’exercice. La traduction ne revient certes pas au résultat d’origine, mais la phrase est grammaticalement correcte – quoique d’un piètre style – et possède un sens juridique.

COMMENTAIRE :

La traduction est en elle-même une contrainte et les algorithmes sont parfois incapables de saisir certaines expressions ou graphies. Ainsi comment traduire « cy-près » ? Cette expression vient du français et se dit d’une distribution d’indemnité qui ne revient pas aux titulaires (car ils ne sont pas atteignables) mais à un autre organisme (caritatif, par exemple). On pourrait proposer « redirigée » à propos de l’indemnité. Mais tous les sites de traduction automatique enlèvent le tiret du milieu, manu militari, et traduisent le Cyprès, l’arbre.

Selon les types d’algorithme la contrainte présentera ou non un intérêt oudropien,,. Dans le cas de Reverso, le résultat final n’est pas un Oudropo,, car il paraît bien difficile de déceler ici un droit nouveau : la phrase n’a tout simplement pas de sens.

En revanche, par un autre algorithme, on peut parvenir à un résultat intéressant. L’exercice mené par Google Translation donne une phrase avec un sens juridique. Mais ce sens est sensiblement différent de celui du texte d’origine.

D’une part, le nouveau texte a un champ d’application plus large, puisqu’il s’applique à tout transfert de biens et non aux seules expropriations. D’autre part, il soumet tout transfert de bien à trois conditions :

  1. Une « bonne cause » : ici cela ne soulève pas de difficultés : la notion est, à peu de choses près, connue en droit français ;
  2. Une « raison valable » : ici, l’interprétation est plus délicate mais, en forçant un peu le texte, on pourrait l’interpréter comme l’exigence d’un objet licite ;
  3. Une « compensation préalable » : ici, trois conséquences nouvelles apparaissent. Premièrement, un transfert de bien à titre gratuit devient illégal. La conséquence est que le don n’existe tout simplement plus et que, par exemple, les héritiers devront désormais acheter leur héritage… Deuxièmement, le paiement doit toujours être préalable au transfert : pas de paiement à livraison ou à terme. Troisièmement, le paiement est une « compensation ». Au sens commun, une compensation implique le rétablissement d’un équilibre. Le nouveau texte exige donc un équilibre entre prestation. C’est cohérent avec l’interdiction de transfert gratuit, mais soulève la question, bien connue en droit, de l’équivalence entre les prestations.

Finalement, par le jeu de la traduction automatique, le texte cesse d’être une disposition spécifique à une question juridique précise – l’expropriation – pour devenir une sorte de règle générale en matière d’obligations. Cette nouvelle règle soulève des éléments étranges pour le juriste – l’interdiction des transferts gratuits.

Au-delà de l’intérêt proprement oudropien cette contrainte pose tout de même une difficulté juridique car certains sites, comme Reverso, passent systématiquement par l’anglais à chaque nouvelle langue, si bien qu’en réalité ce texte est repassé par l’anglais au moins deux fois. Ce qui paraît être une traduction automatisée est en réalité une forme de créolisation de l’anglais (mélange de l’anglais et des autres langues ; v. Fr.  Kaplan et D. Kianfar, « Google et l’impérialisme linguistique, Il pleut des chats et des chiens », Le Monde Diplomatique, Janvier 2015, page 28). Or, la traduction juridique est une forme particulière de traduction souvent réservée à des spécialistes car il s’agit de conserver la force normative d’un énoncé. Les algorithmes utilisés par ces traducteurs (heureusement à titre d’aide seulement ; v. aussi le site IATE qui réunit les traductions déjà réalisées des juristes linguistes de l’Union européenne) peuvent par conséquent générer des biais et imposer très subtilement la manière de penser du Common Law.

archive Constraint: create law with an automatic translator (Google, Reverso, deepL etc.)

—Art 1 UDHR: All human beings are born free and equal in dignity and rights.

—French version + Chinese + Japonese = English

——New Art 1 UDHR: Long-term maintenance of one time do not have the protected areas to prevent long-term exclusive protected areas such as the prevention of protected areas.

Contrainte : créer du droit à l’aide d’un site de traduction automatique.

Par exemple : traduction en anglais à l’aide du site Reverso puis retour au français puis japonais puis retour au français

Art. 545 CC  « Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n’est pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité ».

Devient :

« Quant à n’importe qui de lui ne peut pas être forcé dans l’abandon d’elle ; il est pour un but public et une blondeur et n’est pas l’amour d’une pièce détachée ».

Commentaire : ce n’est pas un Oudropo,, car il paraît bien difficile de déceler ici un droit nouveau. Cette contrainte pose tout de même une difficulté juridique car des sites comme Reverso passe systématiquement par l’anglais à chaque nouvelle langue, si bien qu’en réalité ce texte est repassé par l’anglais au moins deux fois. Ce qui paraît être une traduction automatisée est en réalité une forme de créolisation de l’anglais (mélange de l’anglais et des autres langues v. Le Monde Diplomatique, Janvier 2015, page 28, Google et l’impérialisme linguistique, Il pleut des chats et des chiens, par Frédéric Kaplan & Dana Kianfar ). Or la traduction juridique est une forme particulière de traduction souvent réservée à des spécialistes car il s’agit de conserver la force normative d’un énoncé. Les algorithmes utilisés par ces traducteurs (heureusement à titre d’aide seulement, Voir aussi le site IATE qui réunit les traductions déjà réalisées des juristes linguistes de l’Union européenne) peuvent par conséquent générer des biais et imposer très subtilement la manière de penser du Common Law.

La traduction est en elle-même une contrainte. Ainsi comment traduire cy-près ? Cette expression vient du français et se dit d’une distribution d’indemnité qui ne revient pas aux titulaires (car ils ne sont pas atteignables) mais à un autre organisme (caritatif, par exemple). On pourrait proposer « redirigée » à propos de l’indemnité. Mais tous les sites de traduction automatique enlève le tiret du milieu, manu militari, et traduisent le Cyprès, l’arbre.

voir Oudropo, armoire, du texte littéraire au langage juridique, sixtine, Cabâzor